[Campagne] Le monde des hommes

Ce qui se passe au-delà de l’île ne nous concerne pas, Diana. Un débat aurait pu être créé sur ce fait. Mais, bien que Diana le comprenait, elle ne pouvait s’empêcher de penser le contraire. C’était plus fort qu’elle. Comme une idée venimeuse qui répand son poison. Et une fois le poison disséminé dans l’organisme, il n’y a plus moyen de faire marche arrière. Alors, il y avait cette pensée qui surgissait, et la sensation que ses pouvoirs pourraient être utiles ailleurs.

Pardonnez moi, mère. C’était le commencement d’un tout. Et en même temps la fin de quelque chose d’inestimable. Mais il ne fallait pas le voir ainsi. Ce n’était pas une perte. Ni même vraiment un départ. C’était le continuum d’une vie. Et celle de Diana semblait vouée à de grande chose. Mais il est vrai qu’elle quitta Paradise Island, volant haut dans les cieux par l’entremise de ses pouvoirs, dons des Dieux. Le fait qu’elle ait été crée d’argile… Il est vrai qu’à l’intérieur d’elle - malgré le petit serrement de cœur qu’elle eut en jetant un dernier regard derrière elle, alors que l’île s’éloignait et s’effaçait dans le brouillard – oui, malgré cela, il est vrai qu’une part d’elle sentait qu’elle n’appartenait pas à cet endroit. Elle se sentait différente de ses sœurs.

Elle portait une tenue qui deviendrait tôt ou tard un véritable emblème, et quelles que furent les raisons qui poussèrent Diana, princesse de Themyscira, à s’envoler… Cela la conduisit tout droit dans l'espace aérien américain.

Hera, guide moi. Que connaissait-elle sur le territoire majestueux qui défilait sous elle si ce n’est… Pas grand chose. Et même rien. Mais c’était normal, les amazones n’étaient pas censées quitter l’île, et aucun objet appartenant à leur monde n’était admis sur Paradise Island. Il faut croire que pour rester un paradis, il fallait qu’il soit mis le plus à l’écart possible de la mauvaise influence du monde des hommes. Cela avait toujours fonctionné ainsi, et même à merveille jusqu’à ce jour. Et voilà que Diana décidait de changer les choses, comme si elle ne pouvait accepter ses simples commandements élémentaires, parce qu’au profond d’elle, son coeur lui disait le contraire.

Elle n’avait pas pris de direction particulière – ce qui lui aurait de toute manière été impossible, puisqu’elle ne connaissait pas les lieux -, n’avait d’ailleurs pas imaginé où elle devait se rendre exactement, ni ce qui arriverait ensuite. Elle avait simplement volé, s’attendant à ce que les Dieux la guide.

Elle avait atterrit dans un large espace central, créant un émoi dans la population. Ils étaient nombreux, pour la plupart vêtus d’une drôle de manière – bien que d’une certaine manière ce devait être elle qui devait paraître étrange à leurs yeux -, et assez bruyants. Elle marcha dans ces bottes à talons hauts, du haut de ses 6 pieds et tenta d’aborder la conversation pour avoir des informations. Ce fut peu concluant.

Dieux ou pas Dieux, il se passa effectivement quelque chose. Assez subitement, des hommes arrivèrent en trompe et se positionnèrent face à Diana, chassant les quelques passants près d’elle. L’amazone resta tranquillement à leur faire face. Ce n’était pas parce qu’elle les craignait – d’ailleurs ce n’était vraiment pas le cas - mais parce qu’elle n’était pas venue pour créer un conflit diplomatique, et parce qu’il s’agissait d’un simple détachement venue accueillir l’intruse qu’elle était. Sur Themyscira, elle et ses soeurs en auraient fait autant. De toute manière, il en fallait plus pour l’impressionner.

Un homme se détacha sensiblement des autres, se déclarant par le fait même indirectement le chef du groupe et lui demandait de s’identifier. Elle avança de quelques pas seulement dans sa direction, laissant une distance entre eux, avant de s’immobiliser à nouveau. Elle prononça, distinctement :


Je ne suis pas venue me battre, pas contre vous... Pour ce qui était du pourquoi elle était là... Elle n'en avait encore qu'une vague idée. Ce n'était encore qu'une impression aux creux de son ventre. Et cette impression qui palpitait de mille feux exploserait bientôt en un feux d'artifice, lui montrant clairement sa voie dans ce monde. Bientôt, un jour, car le mal n'est jamais bien loin.

Il y avait un peu de confusion sur leurs visages, ce qui n’avait rien d’étonnant. Savait-il au moins ce qu’était Themyscira ? Probablement pas. D’ailleurs, ils ne le sauraient jamais, et c’était bien mieux ainsi.



Un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Elle aurait préféré éviter cette question. Éviter de semer le doute dans son esprit. Car il ne pouvait y avoir d’incertitude dans ce qu’elle faisait ; dans ce qu’elle avait choisit de faire. Après tout, étais-ce une bonne idée de quitter l’île sans l’approbation de sa mère, la reine ? Étais-ce la meilleure idée qui fut d’entrer dans ce monde d’homme ; un monde sur lequel les amazones n’avaient jamais dit ni pensée du bien. Mais en fait, si : malgré tout, c’en était une bonne. Elle voulu lui dire que cela ne le concernait pas, mais changea d’idée ; elle ne pouvait savoir ce que l’avenir lui réservait, mais il commençait maintenant avec cet homme, alors mieux valait ne pas tout gâcher tout de suite. Mais comment lui expliquer qu’elle le sentait dans ses tripes ? Que son cœur plus que sa tête l’avait guidé jusqu’ici ? Comment pourrait-il comprendre qu’elle avait quitté son monde pour venir en aide au sien ? Qu’elle ne s’y sentait plus comme chez elle ? Qu’elle débordait de curiosité ? Non. Il n’avait pas besoin de savoir tout ça. Une grande part de la réponse à cette question lui appartenait à elle seule et à personne d’autre.



Elle disait la vérité, aussi simplement. Combattre le mal. C’était son but dans la vie. Préserver la paix, l’amour… Il avait baissé son arme, ce qu’elle identifia comme une action pour la mettre à l’aise, en confiance et éviter de ce faire menaçant. Les autres continuaient de pointer leurs armes dans sa direction, mais ça n’avait aucune importance pour le moment. C’était lui le chef de la troupe ; avec lui qu’elle devait traiter cette affaire. Elle se demanda alors qu’elle importance il avait dans ce monde.



C’était une question très pertinente. Pas que la grande Wonder Woman avait besoin d'aide. Non, il s'agissait surtout de savoir ce que cet homme allait décidé, maintenant qu’elle avait répondu à ses questions. Il n’avait pas dix milles choix à sa disposition. Donner l’ordre de baisser les armes ou faire le contraire, la laisser passer… Qui sait ce qui pouvait passer par la tête de l'homme.

Diana était une femme assez directe. Si elle avait voulu s’en prendre au porte parole et à ses hommes, ils l’auraient su assez vite ; plus encore, ils auraient été depuis longtemps vaincu. Elle n’aurait pas tourné en rond pendant une éternité avant de leur faire part de ses intentions malveillantes. Un jour, peut-être, ils finiraient par mieux la connaître. Ils sauraient à quel point elle pouvait parfois se montrer impulsive dans le combat, mais qu’elle était tellement douée qu’on le lui pardonnait facilement. Ils sauraient qu’ils n’avaient rien à craindre d’elle, parce qu’elle ne s’en prenait pas aux innocents… Mais ils sauraient aussi que rien ne l’arrêtait.



Il semblait que l’homme avait fait son choix – le bon choix vis-à-vis de la situation. Diana le suivit, sans aucune crainte, jeta un coup d’œil à la Jeep avant d’embarquer dans le moyen de transport. Lors du trajet, son regard arriva difficilement à se détacher du décor pour se poser sur Steve. Elle chercha ses mots quelques secondes, puis dit :



Le premier homme du monde des hommes… Cela méritait bien qu’elle mette un nom, un titre, sur cette tête blonde. Sa mère aurait certainement choisit ce moment pour lui dire à quel point les hommes sont impolis.

Peu après, elle se retrouva dans une petite salle, laissant sur son passage quelques personnes surprises. Diana resta debout devant le bureau. Steve avait raison sur certains points qu’il aborda ; mais certains restèrent nébuleux dans l’esprit de l’amazone, et elle plissa légèrement les yeux.

Non vous avez parfaitement raison, vous contrôler tel une marionnette n'est pas notre intention. Bien sûr que non ! Comme il aurait été divertissant qu’ils essaient, simplement pour voir de quel bois les hommes se chauffaient. En même temps, s’ils avaient été assez vils pour que cela leur passe par la tête, elle aurait dû donner raison à sa mère à leur sujet. Elle était contente de ne pas le devoir, pas encore. Ils n’auraient pas réussit à la contrôler. Diana ne se laissait pas faire aussi facilement. Mais il valait mieux qu’il sache à quoi s’en tenir avec elle : elle ferait ce qu’elle voudrait bien faire – bien sûr, elle réalisa qu’ils avaient tous les deux des buts communs, ce qui était engageant.



Voilà, oui. C’était pour ça qu’elle était là. Guidée par la déesse, elle n’aurait pas dû douté de l’endroit où elle avait atterrit. Le reste des paroles de Steve confirmèrent ses impressions. Il y avait de la sincérité dans la voix de l’officier, une sincérité dont Diana ne pouvait pas douter.



Un sourire échappa à la guerrière :




Une réponse qui voulait tout dire et qui démontrait sa détermination, son affirmation à accepter son offre. Après tout, c’était pour ça qu’elle était là, parce qu’ils avaient besoin d'elle. Mais surtout, elle acceptait l'aide qu'il lui apportait. Car cet homme représentait une aide divine et il lui en faudrait pour comprendre ce monde. Et elle n'allait pas la rejeter aussi stupidement. Pas tant que les choses étaient claires entre eux.